mardi 28 février 2012

Du pollen fossilisé dévoile les secrets de l'ancien jardin royal de Ramat Rahel

Les chercheurs ont longtemps été fascinés par les secrets de Ramat Rahel, situé sur une colline au-dessus de Jérusalem. Il s'agit du seul palais connu datant du Royaume de Juda; des recherches ont également révélé un ancien jardin luxuriant.
Bien que les fouilles aient mis au jour le jardin avec un système d'irrigation sophistiqué, l'on ne pouvait imaginer à quoi devait ressembler le jardin d'origine en pleine floraison...jusqu'à aujourd'hui.




Vue d'artiste du site de Ramat Rahel.

En utilisant une technique unique pour séparer le pollen fossilisé des couches de plâtre trouvées dans les voies navigables du jardin, des chercheurs de l'Institut d'Archéologie Sonia et Marco Nadler de l'Université de Tel-Aviv ont été en mesure d'identifier ce qui poussait dans l'ancien jardin royal de Ramat Rahel.

Et, sur la base des indices archéologiques du jardin, ils ont pu reconstituer la disposition de celui-ci. Selon le professeur Lipschits Oded, le Dr Yuval Gadot, et le Dr Dafna Langgut, le jardin était composait de végétation locale, comme le figuier et la vigne, mais également d'une foule de plantes exotiques telles que les noyers persans et les cédrats.
Le cédrat, qui, apparemment, a émigré de l'Inde via la Perse, fait sa première apparition au Moyen-Orient moderne dans le jardin royal de Ramat Rahel.


L'enduit des piscines: une "trappe à pollen"

Une des caractéristiques uniques du jardin de Ramat Rahel est son système d'irrigation avancé.
Le périmètre du jardin est encore plus impressionnant, explique le Dr Gadot, parce qu'il n'y avait aucune source d'eau permanente sur le site. L'eau de pluie a été recueillie et distribuée efficacement partout dans le jardin avec des installations d'eau esthétiques incluant des piscines, des canaux souterrains, des tunnels, et des gouttières. Ces installations ont finalement permis aux scientifiques de découvrir ce qu'ils cherchaient.

Les premières tentatives pour éliminer les grains de pollen à partir du sol du site afin de reconstruire les composants botaniques du jardin ont été infructueuses; car le pollen s'était oxydé.
Mais après avoir remarqué que les canaux et les bassins eux-mêmes étaient enduits de plâtre, probablement en raison de travaux de rénovation, les chercheurs ont supposé que si le plâtre n'avait pas été renouvelé alors que le jardin était en fleur, le pollen avait pu se coller à du plâtre humide, agissant comme un " piège", et séché en son sein. Cette intuition s'est avérée être juste.

Alors que certaines couches de plâtre ne comprenait que de la végétation autochtone, l'une des couches, datée de la période perse (5e 4e siècles avant J.-C.), contenait des arbres fruitiers locaux, des plantes ornementales et des arbres importés de pays lointains.
«Il s'agit d'un assemblage de pollens tout à fait unique», a expliqué le Dr Langgut, expert du pollen. Parmi la végétation inhabituelle on retrouve le saule et le peuplier, ce qui nécessitait de l'irrigation afin qu'ils se développent dans le jardin, des plantes ornementales comme le myrte et les nénuphars, des arbres fruitiers indigènes, dont compris la vigne, le figuier commun, et l'olivier; mais aussi du cédrat importé, des noyers persans, du cèdre du Liban, et des bouleaux.
Les chercheurs supposent que ces espèces exotiques ont été importées par les autorités perses dirigeantes à partir de régions reculées de l'empire pour faire étalage de la puissance de leur administration impériale.

C'est la première fois que des éléments botaniques précis ont été reconstruits dans un ancien jardin royal. Les informations botaniques et archéologiques que les chercheurs ont recueilli les aideront à recréer le jardin afin que les visiteurs puissent bientôt découvrir l'opulence florale de Ramat Rahel.


Les origines de la tradition

Dans leurs migrations, les hommes ont dispersé les plantes et les animaux à travers le monde, principalement à des fins économiques, explique le Dr Gadot. En revanche, à Ramat Rahel, la royauté a conçu le jardin avec l'intention d'impressionner les visiteurs avec richesses et mondanités.
La décision d'importer divers arbres a eu un impact durable sur la région ainsi que sur le judaïsme, explique le professeur Lipschits. Le citronnier, par exemple, qui fait sa première apparition en Israël dans ce jardin, s'est frayé un chemin dans la tradition juive. Le cédrat, ou étrog, est l'une des quatre espèces de plantes utilisées à Souccot, et la première apparition de ces espèces était dans le jardin de Ramat Rahel.

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